01 novembro, 2005

Novembro 2005

Rien ne me dissuadera de cette conviction: ma tristesse éprouvée lors d’une rupture, d’un échec, d’un deuil, ne m’atteint pas de l’extérieur comme une flèche mais sourd de moi telle une source qu’un glissement de terrain vient de libérer. Il y a des blessures qui permettent à l’esprit de pousser un cri longtemps contenu. Le désespoir ne lâche jamais sa proie ; c’est seulement la proie qui voit le désespoir dans la fin d’un amour ou la mort d’un enfant, là où il n’y a que son ombre portée. Le deuil est un prétexte, une façon commode d’éjaculer le néant à petits coups. Les pleurs, les cris, les hurlements d’enfance restent emprisonnes dans le coeur des hommes. A jamais ? En toi aussi le vide ne cesse de gagner.

Raoul Vaneigem - «Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations»

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